Vendredi dernier à 15h30, ils sont entrés dans la classe particulièrement excités. Globalement, j’arrive maintenant à faire cours avec ces troisièmes mais là…
Pour se justifier certains m’ont dit :
-Vous êtes notre dernière heure de cours.
A travers le brouhaha, J’ai fini par leur annoncer calmement que j’avais prévu de faire un certain nombre de choses avant leur évaluation (et oui, j’avais prévu une petite évaluation) et que je tenais à les faire, tant pis si cela nous prenait du temps.
Ils ont fini par se calmer et par râler quand ils ont compris que c’était, en plus, un travail de recherche que je leur filai pour les vacances. Ensuite, il y a eu un silence de mort pendant l’évaluation.
Djami face à moi lançait un regard très oblique sur la feuille de son voisin, je le rappelai à l’ordre.
– Vous exagérez, Madame, je n’ai même pas encore commencé à regarder.
Ce mignon lapsus, capté par l’ensemble du premier rang, nous a bien fait sourire.
C’était agréable ce silence sauf que cela faisait ressortir l’animation qu’il y avait dans la salle à côté.
– C’est pas possible.
– Mais ils font quoi ?
– C’est la voix de Steeve.
– Madame, on peut pas se concentrer.
– Font un goûter ou quoi ?
– Madame, est-ce que je peux aller leur dire ?
Bien sûr, le silence absolu se paie, surtout un dernier jour, une dernière heure. La pression s’accumule… Par conséquent, la correction du contrôle a provoqué des scènes de liesse. Je m’arrête, certains s’énervent contre les agités. « Bordel, vous faites chier ». « Ce sont des animaux » Je sens que la journée a dû être difficile de manière générale et quelques uns en ont assez de l’agitation des autres. J’ai un petit pincement au cœur, mais la reconnaissance d’un conditionnel, d’un passage au discours indirect les font trépigner de joie. Et puis cela a sonné…
Au revoir, Madame. Bonnes vacances. Au revoir. Bonnes vacances, Madame. Ils y tiennent. Certains font le détour jusqu’au bureau. Au revoir, Madame. Bonnes vacances.