Il y avait le choix entre un commentaire composé sur Notre-Dame de Paris de Victor Hugo (bof) et l’écrit d’invention à partir d’un extrait de La Jalousie d’Alain Robbe-Grillet (là ça devenait intéressant).
Jamais fait encore ce type d’épreuve parce que de mon temps il n’y avait que le commentaire composé ou la dissertation. La consigne était la suivante : vous réécrirez et prolongerez le texte en faisant un récit à la première personne raconté du point de vue du mari caché derrière la fenêtre et regardant sa femme et Franck. Votre récit commencera par la description subjective de la scène, assortie d’interrogations et d’interprétations du narrateur ; puis vous enchaînerez sur un monologue intérieur permettant de rendre compte de ses sentiments et de faire sentir chez lui la montée progressive de la jalousie.
L’extrait décrivait l’arrivée de A… et Franck sortant d’une voiture bleue. La vision se faisait par le reflet déformé d’un carreau de la fenêtre d’une salle à manger.
C’est à la fois périlleux et excitant de se glisser dans la peau du narrateur de Robbe-Grillet, en tout cas de vouloir lui donner une identité, un point de vue, des mots.
Je viens de recevoir le corrigé type du CNED et me suis beaucoup amusée à le lire. Le correcteur a pris le parti de changer de style (il parle ici de Franck):
« Evidemment il est grand et fort ! Il joue de ses yeux bleus, de son élégance et de sa voix grave pour s’imposer. Finalement c’est un bellâtre, et c’est tout ! Ce type est à l’opposé de moi, et il en profite pour prendre ma femme ! Mais c’est fini maintenant ce schéma du gros musclé qui séduit toutes les femmes : Johnny Weissmuller est mort et enterré depuis longtemps ! Mais c’est vrai qu’elle doit s’ennuyer ici… je suis un solitaire perdu dans mes bouquins, enfermé la plupart du temps dans mon bureau… je n’ai pas le goût de bavarder des après-midi sur des bêtises comme ce bon à rien de Franck qui n’a rien dans la cervelle. Et maintenant, que va-t-il se passer ? Elle ne peut pas me quitter pour cet imbécile, ce n’est pas possible ! »
L’irruption de Tarzan avec son petit maillot filmé en noir et blanc me fait certainement plonger, avec le correcteur, dans des souvenirs communs.