Miaou

Comme je suis intéressée par ce que Mangagirl fait en philo, j’aime bien prendre des nouvelles de ce cours tout en sachant que Mangagirl me réserve toujours les éléments hors sujet les plus marquants. Et donc aujourd’hui elle m’annonce que sa prof de philo leur a raconté l’histoire de son chat. Et donc quelle est l’histoire du chat de la prof de philo ? Et bien du temps où celle-ci prenait de la morphine… (là un peu de surprise apparaît sur le visage du parent) pour pouvoir mieux travailler (là un des sourcils du parent se soulève d’un air très perplexe mais passons…), elle avait posé deux gélules sur la table. Quand elle se retourne, surprise : plus de gélules …. et Miaou qui la regarde d’un air candide. Panique à bord, elle appelle son véto qui est absent, elle appelle SOS Miaou qui lui dit d’appeler le Centre anti poison des petites bêtes. Elle appelle le centre et apprend que Miaou a avalé deux fois la dose létale. Paniquée elle rappelle SOS miaou qui lui dépêche un vétérinaire. Seule solution faire vomir Miaou. Ils expliquent à Miaou, ils argumentent, ils appuient, ils chatouillent : Miaou refuse de régurgiter. Le véto s’en va en laissant une piqûre de survie à la prof de philo. Miaou la regarde « avec des yeux ronds et fixes de hiboux », lève la patte, titube et s’écroule dans un sommeil profond. La prof de philo veille toute la nuit, la piqûre à la main, le coeur tremblant. Elle se demande comment elle va expliquer demain au proviseur du lycée pourquoi elle doit rester au chevet de son chat. Heureusement le miracle se produit : au petit matin, Miaou se réveille frais comme un gardon, comme si rien ne s’était passé et la prof de philo peut arriver au lycée, épuisée mais le coeur heureux.

Automne

J’aime ces matins calmes. J’ai retiré les boutons fanés des pensées, arrosé les plantes d’intérieur, remis de l’eau propre dans le vase. Le matin s’est réveillé sous une épaisse couche de brume, et indéniablement l’automne s’est installé : les feuilles luisantes, mouillées jonchent le sol, les couleurs du feu s’agitent sur les branches, les fenêtres se ferment, les radiateurs ont repris du service. Voilà c’est vraiment la fin de l’été.

Profitons

Quelle douce fraîcheur ce matin ! La ville s’est réveillée apaisée et alanguie. Toutes les fenêtres des appartements devaient être ouvertes mais pas un bruit, juste ce souffle d’air et le son de la pluie. Nous aurions eu du mal à supporter encore quelques jours de si rudes chaleur. Jeudi m’a rappelé l’atmosphère anormale de la Vallée de la mort, lorsque la température dépasse allègrement celle du corps humain. J’imagine que la nature végétale et animale, respire aussi et se reconstitue.

Saint Louis dans sa poussette

C’est toujours la même famille. Normal, nos serviettes de plage ne sont pas très éloignées. C’est toujours la même petite que le billet précédent et le même papa. Je l’ai remarquée quand elle jouait au bord de l’eau, une vraie bulle de champagne en couche-culotte qui court partout et n’a pas froid aux yeux. Je ne sais pas ce qu’elle a fabriqué, mais le papa lui fait la morale. Il lui tient une main et agite l’index de l’autre main pour la sermonner. La petite baisse les yeux et ne fait pas la fiérote. Du haut de ses deux ans, elle ne perçoit pas le comique de la situation. Le papa rend la justice assis dans la poussette-canne.

Pas contente

Base de loisirs de Cergy-Pontoise. La petite, une puce d’environ 24 mois, hurle des « papa » désespérés quand celui-ci la ramène à sa maman et repart avec la grande sœur faire du toboggan aquatique. Dix minutes de sanglots, de « papa » déchirants, de trépignements et puis papa surgit. Tout heureux il la regarde, ouvre les bras et, pour marquer son retour, s’écrie « papa ».

Une moue énorme se dessine alors sur le visage de la petite, un vrai smiley ; elle se précipite dans les bras de sa mère et crie « mama ».

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Tutti-frutti

Retour d’un stage de gymnastique holistique dans le Beaujolais vert. Camille qui n’aime pas les souris et qui m’a bien fait rire. Claude et Marisa, délicieux et charmants qui nous ont conduits à bon port. Marie qui pétille. Martine qui cultive la vigne à Pézenas ; Monique toute en couleurs qui conduisait nos métros, Elyette et ses broches à poupées russes ; Isabelle qui se rappelle des tartines frites dans l’huile d’olive de sa grand-mère espagnole, Francine dont la grand-mère poursuivait sa mère avec un hachoir après que celle-ci lui a lancé un seau d’eau sur la tête ; Nicole qui aime grimper mais pas descendre, Cathy toujours élégante, Cécile qui connaît les plantes et les étoiles, Chantal qui râle, Alain et Véronique qui ne se quittent pas ; Elisabeth au port de reine, Catherine toute fragile, Michèle aux pimpantes boucles d’oreilles, Agnès toujours discrète. La joie de découvrir de jolies personnes et de partager quelques jours avec elles.

Que j’aime les quais

Sept boutons de rose que je veille chaque matin sur le balcon. Deux fleurs en goguette sur les quais direction Fluctuart près du pont des Invalides. A l’approche de ce nouveau lieu d’exposition, les balustrades du quai sont entourées de mailles colorées en tricot et au crochet. On entre sur la première péniche lieu d’exposition, ça bouge sous nos pieds, à l’étage une exposition permanente d’artistes du Street Art et en dessous une capsule dédiée à Swoon une artiste new yorkaise. Une très jolie découverte. Retour par les quais, un peu d’eau pétillante de Paris, deux crêpes (sirop d’érable et ganache chocolat), farniente sur les transats face à la Seine.

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Les bruits de la vie

Assise sur ma brique de yoga, deux coussins sous le genou droit, j’enregistre sentencieusement une médiation guidée tirée d’un livre de Thich nhat Hanh. Ce n’est pas la méditation la plus gaie mais elle est juste. C’est vrai que nous allons vieillir, que nous vieillissons, que nous ne sommes pas à l’abri de la maladie, c’est vrai que nous allons mourir, abandonner ceux qui nous sont chers. J’inspire, j’expire et puis j’entends une porte qui se ferme, le bruit de traîne-savates des chaussons de Mangagirl, le klung de la porte du micro-ondes, le bip, le bvpppppp du réchauffage et le klung de nouveau puis le paf de la porte et le groumph-groumph-groumph des chaussons trop grands qui étaient ceux d’Avaleur de Tofu devenus trop petits. Et j’essaie de me concentrer, et je ne peux pas m’empêcher de sourire, et tout ceci restera enregistré.

Espoir

Si je ne dois garder qu’un seul moment de cette année scolaire, ce sera celui-là. Nous sommes en PPMS (plan de mise en sécurité) attentat. Comme chaque année les consignes ont été données et communiquées aux élèves. Obturation des ouvertures, rideaux tirés, lumières, ordinateurs, portables éteints, portes verrouillées, dissimulation sous les tables, aucun bruit. Par chance, l’exercice tombe sur une heure où j’ai une classe de 3eme très calme. Je les ai prévenus et ils ont pu apporter des occupations diverses, j’ai même autorisé les coussins. Quand la sirène retentit, chacun s’installe bon gré, mal gré et puis on attend. Le temps passe. Les élèves sont parfaitement calmes, silencieux. Des vérificateurs passent dans les couloirs pour contrôler la qualité du silence. Quand j’entends leur approche furtive, je mets le doigt sur ma bouche pour inviter mes élèves à la plus grande discrétion. Et puis le temps continue de passer. Un élève dort sous sa table, un autre adossé sur le mur, à quelques mètres de moi, lit. Je me penche et regarde la couverture. Il lit Risibles amours de Kundera. C’est ce moment précis que je voudrais garder. Cette surprise, ce cadeau de la vie, calculé ou pas.

fable

Ici une fable écrite par Mangagirl pour un bac blanc de français. Elle avait choisi l’écrit d’invention et devait écrire une fable se terminant par la morale suivante :

Et sache que celui qui n’est plus ton ami

Ne l’a jamais été !

A conserver, bravo Mangagirl, quelle jolie plume!

Le Renard et le Chien

Dans des montagnes reculées, un élevage

Était protégé par un Chien au fort courage.

Mais s’approche, un jour, un Renard malade et pâle,

Le Chien méfiant, interpelle l’animal.

Voyant sa carrure, le Renard entreprend,

Soudain de le flatter de mille compliments :

« Comme vous êtes ravissant, lui chante-t-il,

Un pelage si beau ! Êtes-vous de la ville ?

Sur ces terres perdues, personne ne semble

Si fort ! Votre vue me trouble, et, voyez ! J’en tremble

Mais vous me semblez sur vos gardes, mon ami,

Soyez tranquille, ai-je donc l’air d’un ennemi ? »

Surpris par sa courtoisie, le Chien lui répond :

« Je ne pensais pas vous faire la conversation,

Car les prédateurs sont souvent bien malicieux,

Vos louanges cacheraient-elles quelques actes odieux ?

– Voyons, s’offusque le Renard, êtes-vous fou ?

Quel déshonneur, quelle humiliation, quel courroux !

Regardez-moi, si faible et si mince, tout chancelant !

N’ai-je pour mérite que ces jurons sanglants ? »

Le chien, accablé de remords, fait ses excuses,

Et offre son amitié, sans plus craindre de ruse.

Dès le lendemain, le renard réapparaît,

Et couvre le chien de tendresses douces et gaies.

Le garde amadoué par ces discours langoureux,

Prend en pitié son compère, chétif et pieux.

Mais, une nuit d’hiver le Renard blessé vient,

et fait à son ami le récit de vauriens :

« Toute la nuit, s’exclame-t-il, ils m’ont pourchassé !

C’était des loups ! dit-il avant de s’écrouler . »

Le Chien tremblant de rage, prend en chasse lesdits loups

Qui avaient porté à son ami tant de coups.

Le pauvre Chien courut en vain toute la nuit

Et fut, rentrant à l’aube de sa chasse, accueilli

Par un Renard, gras, vigoureux et médisant

Qui avait trouvé l’élevage bien appétissant.

« Quelle trahison ! crie le Chien désemparé,

Ta faim seule a-t-elle sacrifié notre amitié ?

– Mais voilà, répond le Renard, de bien beaux mots…

Encore faut-il qu’ils ne fussent pas ceux d’un sot !

Et sache que celui qui n’est plus ton ami

Ne l’a jamais été ! Et le Renard s’enfuit.

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